Salaires des dirigeants : Les conseilleurs sont les payeurs
C’est dans le secteur du conseil que les dirigeants français, souvent touchés par la crise, ont le plus de chances de se voir bien payer. Les patrons du CAC 40 ont maintenu leurs salaires.
2009 aura été l’année du chat pour les cadres dirigeants : dos rond, posture attentiste, poils hérissés et prêts à bondir au moindre changement favorable de situation ! Et pour cause : « Les directeurs français sont les plus fortement impactés par la crise avec un taux médian d’augmentation de leur salaire fixe de seulement 1,3 % en 2009 contre 5,5 % en 2008 », précise le cabinet de ressources humaines Mercer (1).
Pire, en 2008, en Europe, leur salaire global (fixe + variable + avantages en nature) avait baissé de 10 % par rapport à 2007, voire de 11 % pour les patrons français, d’après une enquête d’Alpha Value, un cabinet d’analyses financières (2).
Selon l’Apec, depuis 2008, la tendance est au tassement des écarts de rémunération entre les différents secteurs d’activité. Malgré tout, les deux domaines qui rémunéraient alors le mieux étaient la banque/assurance et la mécanique de précision. La bonne santé de ce dernier domaine, selon Claire Cabaret de chez Reed Business Information, « remonte à environ trois ans… La métallurgie se plaçait dans la moyenne nationale et la chimie & parachimie juste au-dessus du médian national. » Pour mettre tous les atouts de leur côté et obtenir le meilleur salaire, les dirigeants avaient alors tout intérêt à travailler en Ile-de-France ou en Bourgogne-Franche-Comté plutôt qu’en Alsace-Lorraine et dans la région Nord-Picardie-Champagne.
Deux ans plus tard, les perspectives, même si elles n’ont rien de folichon, laissent entrevoir une éclaircie. Ainsi, en 2010, les prévisions d’augmentation demeurent modérées n’excédant pas les 2,5 % mais les entreprises ne sont plus que 24 % à envisager de bloquer les rémunérations de leurs patrons contre 47 % en 2009 ! (2) Afin d’optimiser au maximum leur salaire, les dirigeants ont tout intérêt à choisir une activité porteuse. «Le must : le secteur du conseil dont les salaires, dans certains cas d’expertise pointue, sont sans limites. Viennent ensuite la finance, l’immobilier et le commerce de gros », conseille Wilhlem Laligant, directeur du cabinet Randstad Search & Selection.
Pour peu que les recrutements suivent ! Ce qui est loin d’être encore le cas. En effet, selon les anticipations les plus optimistes de l’Apec, ils seraient en baisse de 19 % en 2010 par rapport à 2009. Estimations que ne partage pas l’optimiste Wilhelm Laligant : « En 2009, on a touché le fond, il est logique qu’en 2010 les recrutements reprennent avant d’exploser en 2012 !» Ainsi, le directeur du cabinet Randstad Search & Selection note actuellement une recrudescence des offres dans le domaine des ressources humaines et signale également que le secteur automobile recherche désespérément des compétences pour des postes de direction. Dans le secteur bancaire, les demandes repartent aussi comme le constate Pierre Daubas, responsable de la division manager au département banque commerciale chez Robert Half France : « Il y a une reprise du recrutement mais pour des profils plus ciblés du type hauts dirigeants dans le domaine de l’expertise. »
En revanche, les grands patrons du CAC 40, même au cœur de la tourmente, compensent largement la révision à la baisse de leur rémunération fixe par des primes. Ainsi en 2009, selon le site lexpansion.com, une vingtaine d’entre eux à la tête des 100 plus grandes entreprises françaises a empoché près de 18 millions d’euros via leurs stock-options. De quoi faire plusieurs pleins de jet privé !
(1) Étude 2009 du cabinet Mercer auprès de 313 filiales françaises de sociétés multinationales
(2) Étude du cabinet d’analyse financière Alpha Value sur les salaires des dirigeants 2008 en Europe auprès de 354 grandes sociétés cotées en Bourse.